Sommaire

L'épilation à travers l'histoire


Bien que certaines personnes considèrent la pratique de l'épilation comme un phénomène de mode relativement récent, il n'en est rien. L'épilation et la dépilation sont en effet apparues très tôt dans l'histoire de l'humanité.



Depuis la nuit des temps, toutes les civilisations ont tenté à un moment ou à un autre d'éloigner le poil, symbole d'animalité et d’impureté, en essayant de le domestiquer ou de le supprimer.

Les premières traces d’outils créés par l’homme ayant pu servir à l’épilation, comme des pinces à épiler rudimentaires, ont été ainsi retrouvées dans des sépultures datant de la préhistoire. Mais c’est à partir du 3ième millénaire avant Jésus Christ que semble s’être développée une véritable culture de l’épilation, notamment sous l’influence des croyances religieuses de l'époque.

En Mésopotamie comme en Phénicie, près de 2000 ans avant notre ère, l’épilation était déjà en vigueur chez les rois et les reines. Les notables de Babylone se faisaient alors épiler le menton afin d'y coller un postiche de barbe, considéré à l’époque comme étant l’attribut des dieux. La principale technique employée consistait à utiliser une pince à épiler en bronze et une crème dépilatoire à base de cire, d’eau, de sucre et de citron. Pratique qui est probablement à l’origine de ce qui deviendra, quelques millénaires plus tard, « l’épilation à l’Orientale ».

Dans l’Égypte ancienne, on sait également que les pharaons, leurs femmes, les prêtres et les prêtresses ainsi que la plupart des personnes appartenant à l’aristocratie, s’épilaient intégralement le corps. L’épilation était considérée comme un symbole de pureté, par opposition à la pilosité, symbole d’animalité donc d’impureté. Les découvertes effectuées dans les sépultures datant de 1300 à 1100 avant J-C en Egypte ont démontré que les femmes de Ramsès II et de Ramsès III ainsi que leurs suivantes étaient toutes épilées, des aisselles jusqu’au pubis.

L'épilation à l'époque Gréco-Romaine

Ce n’est qu’un peu plus tard, aux environs du 5ième siècle avant J-C, que l’on observe une extension progressive de l’épilation à toutes les couches de la société en Occident. Dans le monde gréco-romain, l'épilation était considérée comme allant de soi : les barbiers de la Grèce antique, organisés sous la forme d’une véritable corporation, pratiquaient l’épilation aussi bien pour les classes sociales aisées que pour les esclaves, dans leurs échoppes comme à domicile.

Les pratiques en vigueur sous l’empire romain attestent de la même culture de l’épilation. Les Romains fréquentaient assidûment les thermes pour les soins corporels qui y étaient dispensés et la plupart des hommes de la bourgeoisie se faisaient régulièrement épiler les jambes avant de les mettre en valeur grâce au port de la tunique courte. Mais pas seulement : certains hommes allaient même déjà jusqu’à pratiquer l’épilation intégrale. Parmi les exemples célèbres, on citera l’empereur Auguste qui pratiquait l’épilation en 63 avant notre ère ou encore Popée, la compagne de l’empereur Néron, qui se faisait épiler la poitrine, les aisselles, les jambes, les bras, la lèvre supérieure et le nez, anecdotes qui sont tirées de textes anciens découverts dans les ruines de Pompéi.

Les méthodes d’épilation utilisées allaient alors du « brûlage » des poils à l’aide de coquilles de noix incandescentes, à l’arrachage par l’application d’une préparation à base de résine de pin, en passant par l’épilation des sourcils au sang de chauve-souris. Toutes ces recettes perdureront jusqu'au Moyen Age.

L'épilation, de la chute de l'empire romain jusqu'aux croisades

Au début de l'ère chrétienne, la pratique de l’épilation continue de se répandre, y compris en Gaule. Les fouilles archéologiques effectuées sur la plupart des sépultures féminines datant de cette époque ont permis de mettre à jour des quantités impressionnantes de pinces à épiler, attestant de l’intérêt suscité par l’épilation chez nos ancêtres. Mais la chute de l'Empire romain, en 476 après J-C, portera un coup d’arrêt à cette mode de l'épilation et les poils retrouveront progressivement grâce aux yeux des Occidentaux, ce pendant près de 5 siècles.

Il faudra donc attendre l’issue des croisades chrétiennes du Moyen Âge, qui auront lieu entre le XIe et le XIIIe siècles après J-C, pour voir l’Occident renouer avec la tradition de l’épilation. Tout au long de leurs conquêtes en Orient et en Afrique, les chevaliers francs rencontrent des femmes épilées et rapportent en Occident les usages empruntés aux populations alors conquises, comme les bains en étuve (hammam) et l’épilation. A cette époque, celle-ci concernait essentiellement le front, les aisselles, parfois le pubis et était pratiquée avec des préparations à base cires chaudes d’abeille, de sucre et de gommes végétales naturelles. La technique de "l’épilation à l’Orientale" allait progressivement gagner toutes les cours d'Europe.

L'épilation, de la Renaissance jusqu'à la fin du XIXe siècle

Une nouvelle mode esthétique naît alors en Occident : les femmes s’épilent le visage pour se dégager un front immense, comme en attestent la plupart des portraits de l’époque. Cette pratique était censée marquer, une fois de plus, la différence entre l'humain, "être évolué", et l'animal. Les techniques employées allaient du sang de grenouille aux préparations à base de cendre mélangée à du vinaigre, en passant par l’emploi de l’orpiment ou arsenic jaune (rusma turcorum) qui, en dépit de sa toxicité prononcée, demeura longtemps en usage. Autre phénomène plus surprenant dans cette période de l'histoire marquée par l'emprise du catholicisme : l'épilation pubienne y est très appréciée et fait son retour en grâce chez les femmes de la noblesse européenne.

L'épilation depuis le début du XXième siècle

Cette situation n'évoluera guère avant le début du XXe siècle, avec l'apparition de la mode des bains de mer et du port de vêtements plus courts qui marquera le grand retour de l’épilation des jambes, des aisselles et du maillot auprès des femmes occidentales. La pratique de l'épilation ne cessera ensuite de se généraliser progressivement à toutes les couches de la société jusqu’à devenir, de nos jours, un véritable phénomène de société.