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L'épilation, du début du XXe siècle à nos jours


Dans l’ensemble de l’Occident, le corps et les jambes des femmes ont longtemps été dissimulés par les vêtements. Pendant plus de 5 siècles, la pudeur régnait ainsi en maîtresse absolue et l’épilation ne concernait guère plus que le visage, ce jusqu’au début du XXe siècle.



Avec la fin de la première guerre mondiale, une véritable révolution se fit jour dans les moeurs : pour la première fois peut-être depuis plusieurs millénaires, la mode allait enfin libérer le corps de la femme de son carcan social et moral. Les décolletés s’élargissent, les bras se dénudent puis les robes et les jupes se raccourcissent progressivement.

En marge de cette révolution vestimentaire, la mode des loisirs de plein air, des bains de mer ou de soleil se généralisent et les maillots dénudent de plus en plus les épaules et les jambes des femmes. Celles-ci renouent alors petit à petit avec la tradition de l’épilation des aisselles, des jambes et du maillot, pratiques qui n’avaient globalement plus cours en Occident depuis l’époque Gréco-Romaine.

Il faudra ensuite attendre les années 1950 à 1960 pour noter une seconde accélération du développement de la pratique de l’épilation, avec la généralisation progressive de la mode des jupes portées au dessus du genou importée après-guerre d’outre-Atlantique. Dès lors, l’épilation des jambes gagne ses galons auprès d’une jeunesse en rupture totale avec les codes sociaux de ses aînés.

Puis les années 70-80 renforceront à leur tour ce phénomène, en révolutionnant tout d’abord le rapport au corps de toute une génération, mais en exerçant également une pression inédite sur les femmes et sur leur esthétique, avec leur entrée massive sur le marché du travail.

L’épilation prend alors une dimension jusque là inconnue de représentation sociale qui touche toutes les couches de la société.

Les années 1980 à nos jours termineront d'achever cette renaissance de l'épilation-Reine, avec la montée en puissance des médias, télévision et presse magazine en tête avant l’avènement d’Internet. Ces supports de communication de masse vont imposer à leur tour de nouveaux codes sociaux dans la société occidentale, évolution qui ira de pair avec une profonde révolution des mœurs : les canons de beauté s’orientent de plus en plus vers des mannequins féminins aux corps d’adolescentes, imberbes et de plus en plus dénudées ; le port du string se généralise progressivement pour devenir aujourd’hui le sous-vêtement le féminin le plus porté et le plus vendu, notamment auprès des jeunes générations ; la pornographie pénètre dans tous les foyers grâce à la vidéo et aux chaînes privées, imposant par la même occasion l’épilation intégrale en véritable référent de la séduction sexuelle ; enfin, le culte du corps, porté de concert par une culture homosexuelle en plein essor autant que par le développement du sport-spectacle, fera considérablement évoluer le rapport au corps des hommes comme des femmes, en le décomplexant et en le magnifiant.

Désormais, la chasse au poil est ouverte et l’absence de pilosité est perçue, à tord ou à raison, comme un critère majeur de séduction et d’hygiène, aussi bien par la gent féminine que masculine.